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Je t'aime Point, moi non plus
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Je t'aime Point, moi non plus

Il est 1h 55 de l’après-midi.
Demain c’est le dernier jour de ce premier Moi de la deuxième année de ce
millénaire.

Combien de Moi faut il pour faire l’infini?

Il est 1h57. Il m’a fallu deux minutes pour écrire une phrase et poser une
question.
Combien de Conscience pour faire le présent?

Il est 2h00
Il m’a fallu trois minutes pour écrire une phrase et poser une question.
Combien de Maux pour faire Am qui ne suis ni ne suit plus?

Il est 2h04
Il m’a fallu quatre minutes pour écrire une phrase et poser une question...

Combien de questions devrai-je poser pour pouvoir oublier le temps qui
passe? Pour ne plus me sentir enfermée dans une ligne imaginaire qui nous
donne un point de départ et un point hypothétique d’arrivée? La fameuse
Espérance-de-vie nous éloigne de la méconnue Conscience-sans-espoir.

Je vais m’endormir à jamais cette nuit. Est-ce que j’ai dit tout ce que
j’aurai eu envie de dire avant d’arriver à mon point d’arrivée? Et fait tout
ce que j’aurai eu envie de faire?
Oui.
J’ai dit “Je t’aime” à ceux que j’aime et les ai tenus dans mes bras. Ils me
tiennent dans leur coeur et c’est réciproque. Ils savent que je les aime et
je peux les quitter sans me soucier d’eux. Quand leur peine s’estompera, ils
se souviendront des “bêtises” que nous avons faites ensemble et ils en
riront. Ils se souviendront de mes “bêtises” et me comprendront. Je n’ai pas
attendu mes 80 ans pour savoir que la vie est un jeu et une belle occasion
de faire l’expérience de l’amour. Des bêtises j’en fais tout plein. Je ris.
Et j’aime.

Ma Conscience connaît le vertige de la sublimation Romantique. Je me suis
baignée dans des rouges de Rothko et j’ai connu cette chute des sens qui
fait de nous du non-sens. Et je m’en suis sortie de là sans Am. Je l’avais
rendue, celle qui faisait de moi le petit grain de sable de rien du tout.
J’étais devenue dune et désert.

Sans peur.
Car je sais que la ligne du Temps est imaginaire, qu’il n’y a point de point
de départ ni d’arrivée. Je sais qu’il n’y a que des passages d’un niveau de
Conscience à un autre. Et que Tout est dans la Conscience. Tout comme Rien
est dans notre conscience humaine.
L’avant et l’apres sont ma propre fabrication et sont, donc. Ils sont, au
présent, en moi, dans ma Conscience présente. Les observer est un acte
d’esprit présent, une création. Ainsi je crée mon passé et mon avenir et
leur donne une existence présente. Dans cette création, le Rien ne peut
exister. L’infini non plus. Je suis point, ce qui est, et le point n’est pas
infini. Le point n’a qu’une dimension. Le trait en a deux. Le corps en a
trois. La conscience humaine en a 4 ou 5 ou 10 ou 100000000000000000. La
Conscience n’en a qu’une. Le point...

L’étoile que suivirent les bergers? un point.
La source de l’univers, avant le Big Bang que nous avons inventé? un point,
Les lumieres étranges observées par certaines êtres humains? Des Anges,
c’est à dire des êtres à un niveau de Conscience différent du nôtre. Des
points. Comme nous. Des gouttes d’un océan de lumière, comme nous, des
parties d’un Tout qui en ont toutes les propriétés et qui le sont donc, le
Tout. Le point. Comme nous.


Ma Conscience connaît le vertige de la sublimation Romantique. Je me suis
baignée dans des rouges de Rothko et j’ai connu cette chute des sens qui
fait de nous du non-sens. Et je m’en suis sortie de là sans Am. Je l’avais
rendue, celle qui faisait de moi le grain de sable de Rien Du Tout. J’étais
devenue dune et désert. Mouche et forêt. Motte de terre et montagne.
Etoile et constellation, toute entière.

Moi aussi, je t’aime Point.